PARIS HAMBURG ... ET RETOUR
CHAPITRE 1
Julien Rouanet arriva au milieu de l’après-midi a Hambourg - HH pour les indigenes du coin …« manquent pas d’air les Fritz « Heil Hitler ? C’est pourtant pas son douar d’origine a l’affreux Adolphe …mauvais présage ! «
Il ne croyait pas si bien dire …
« Seigneur ! Douze heures pour couvrir les quelques huit cent kilomètres qui séparent Paris de HH - en comptant bien sur les arrêts pipi-tabac-café- air pur ….ouais …disons plutôt mal recyclé , je suis certain que l’air confiné de l’habitacle est plus sain que sur les aires de l’autoroute « … Un vague sourire narquois flotta sur ses lèvres : « Pas très futés les teutons , chez nous on aurait mis au moins une dizaine de restoroutes sur tout ce trajet « , il sentit ses poumons d‘auvergnat complexé se gonfler d‘orgueil ; on n‘est quand même pas à la traine sur tout , quoique les bagnoles … c‘est leur grande affaire aux schleuhs. . Peut-être devrais-je acheter une BM si je décroche le Job …douze heures pour 800 bornes ma pauvre Bécassine , va falloir soigner ton arthrite « Sa vieille BX donnait en effet des signes des fatigue depuis quelques semaines , il avait pourtant de la peine à s’en défaire , une peine aussi bien affective que financière du reste « après cette affaire peut-être « se dit -il .
En passant devant un « friseur « il hésita , aurait-il le temps de se refaire la toiture ? Sa montre lui dit que non , il avait RDV dans une heure trente … »pour peu qu’il y ait de l’attente … La dame Helga devra se contenter de mon petrole hahn , faudrait quand même trouver un café avec un lavabo , j’ai pas les idées bien calées sous le chef … »Qu’est-ce qu’il veut Fritz ? J’y ai fait une queue de fish ? Un conducteur de Passat lui lançait a travers sa vitre ce qu’il prit tout d’abord pour des injures ; Il remuait frénétiquement le pouce vers l’arrière ce faisant et l’index vers l’avant …Et brusquement il comprit « sheise ! Je navigue a contrevent , pour une arrivée discrète …c’est pas le moment Becassine tu trouves pas , pourquoi tu m’as pas prévenu ? …pas les moyens surtout d’allonger la note de frais
Il préféra virer de bord sur la gauche pour éviter une manœuvre qui ne ferait qu’aggraver son cas , si par malchance un polizei faisait du tourisme dans les parages …
Bingo ! Au milieu de la ruelle , un hotel pas très huppé , et pas trop moche non plus , exactement ce qu’il cherchait , d’une pierre deux coups , même pas besoin d’avaler un café , pas de nom , pas de plaque « je demanderai au taulier dès fois qu’il se rappelle encore son adresse . Mais pas de place non plus ; « tant pis Bécassine pour cet exploit on peut payer le schnaps aux cousins germains , tu crois pas ? Merçi ma vieille je te revaudrai ça jetant un regard circulaire par pure habitude . « Hallo ! Fit une voix mélodieuse de soprano « magnifique , le taulier est une madchen ; Il convoqua en session extraordinaire sa mémoire pour une ultime révision de ses douze travaux d’Hercule linguo-cérébral
« Hallo ! Répondit-il en écho …haben zie ein zimmer bitte ?
« Nur ein mmmxzfiurnnkzkzlk…nicht wahr ?
« misère ….c’était pas prévu dans « l’allemand pratique en 36 leçons , éditions …heu …
-« Pas très pratique entre nous son bouquin … Oui bon , on s’en fout de l’editeur va falloir se débrouiller tout seul là et vite ; Il finit par saisir un mot au vol et remit dans sa poche le guide pour touristes qu’il avait emprunté à une bibliothèque de la ville aperçue par hasard … mais que les lectrices se rassurent , seulement après avoir sillonné plusieurs rues du treizième arrondissement en quête d’une librairie .
Les lecteurs de toutes façons n’ont guère le temps de perdre leur argent dans des histoires a dormir debout , et des histoires de pseudo -flics qui plus est
Récapitulons : il avait demandé « une chambre avez-vous ?….a la dame qui assistait intriguée à son « one man show «
L’expression devait aussi se trouver dans le recueil sus-cité « allemand pratique ..editeur inconnu , mais on verra ça plus tard ..nicht wahr ?
A quoi la petite dame une grande brune plutôt frisant sur le gris qui avait pris une pose lascive comme si sa statue allait être leguée à la postérité allemande ,avait rétorqué « nicht wahr .. « n’est-ce pas ? mais ça c’était à la fin , qu’avait elle dit déjà au début ? « m’en souviens plus , entre les deux il avait perdu pied , il faudrait donc faire comprendre a la dame qu’il a fait sur l’autoroute Paris Bruxelles Aachen Dortmund ses premiers pas en allemand avec un œil sur l’arrière du véhicule devant lui ; et l’autre sur le manuel qu’il vient d’empocher … et que donc si elle consentait à ….comment dirais-je ; ralentir son débit , il pourrait , lui consentir à lui faire visiter sa chambrette ; et même lui lire les lignes de la main - y a pas d‘âge pour les bonnes aventures nicht wahr ? …ce qui donne en deux mots « langsam bitte « doucement s’il vous plait «
Et on prétend que les allemands s’expriment comme les pharmaciens avec des mots plus longs que leurs tramways , les préjugés ont la vie dure , allez !
Par contre les minutes qui s’écoulèrent en chorégraphies parfaites et improvisées de l’arrière vers l’avant et retour sur registre pour l’hotesse ,de gauche à droite avec coups d’œil par le porche pour le voyageur furent loooongues et ponctuées de gestes asynchrones mais somme toute spectaculaires . Encore un préjugé sur l’efficacité prussienne qui devrait tomber dans le Rhin . Après ce duo show qui aura ; j’en suis certain produit une agréable diversion ; aussi bien dans les yeux déjà fatigués des lectrices que dans cette suite de péripéties au rythme insoutenable , pas le moment de décrocher que diable ! La suite est encore plus palpitante . Le detective sortit en dansant et sifflotant intérieurement , avec deux numéros , l’un pour la chambre et l’autre pour le parking .
« C’est le moment de faire un peu le point , me dis-je en profitant de son absence «
Faut que je vous dise : ceci est mon premier essai dans la série noire et j’ai bien l’intention de marquer d’une pierre blanche cette aventure héroique ; je beux parler de la mienne bien sur ; pas celle de cet ersatz de chevalier a la triste figure . Vous saisissez l’allusion ? j’ai
en effet l’intime conviction que mon premier coup d’essai sera un coup de maitre ; car je n’aurai sans doute pas le temps d’en écrire un autre . Prenant le contrepied de tous mes illustres prédécesseurs , j’annonce d’entrée de jeu que ce que vous avez entre les mains
est bien un roman et non une illusion de rêve …Ah mais c’est que je veux gagner honnêtement gloire et fortune , moi pas en trichant comme ces pales imitateurs de pub de fast food , suivez bien mon regard « ça se passe pas comme à la télé ici , c’est du solide
Tiens ; au fait ça me rappelle que je vous ai pas encore lu vos droits commme ils font à la télé : tous les personnages que vous avez déjà rencontrés , j’espère qu’il y en aura d’autres par la suite sont sortis de mon imagination . Une imùagination un peu engourdie certes , et un rien étourdie aussi , mais qui vous fera oublier de cet Hidalgo de malheur ; dont le seul mérite fut d’avoir la même idée avant moi . C’est le seul point qui nous relie ; j’ai tenu à marquer d’emblée nos différences : je me suis dit « Je vais en mettre plein la vue dès la première page aux lectrices , et toc ! Un petit coup de lettres étrangères pour bien camper le bonhomme ; car il faut que je vous dise ….
Bougez pas ! Faut que je vérifie si l’aut’ tordu est pas de retour …
Je vous disais donc …ah mais non attendez ; faut que je retire un fer du feu
Qu’est-ce que je vous disais ? Ça démarre sur les chapeaux de roue ; on vient a peine
de commencer et je sais déjà plus ou donner de la tête .
J’en étais à l’avertissement légal …ou est passée cette putain de fiche ? … Donc je disais tous le personnages de cette œuvre historique sont des faux jetons , je serais donc pas étonné outre mesure que vous en trouviez pas de semblables dans la vie de tous les jours
Vous aurez encore plus de chances d’en trouver dans la vie de toutes les nuits car là ils se donnent meme plus la peine de se travestir .
Vous voila prévenues ; je dévoile pas encore le bla-bla sur les coïncidences fortuites etc …vu que si je dévoile maintenant toutes mes batteries y aura plus qu’a plier bagages et rentrer à Paris
Non je vous répète je suis honnête moi , et méthodique aussi : chaque chose en son temps
C’est pas comme cet Hidalgo de malheur qu’est même pas foutu de lire un manuscrit . Il va
payer un morisque pour lui faire la traduction ; moi j’ai pris mes responsabilités . Et puis c’est quoi cet’ embrouille ? payer un arabe pour traduire une histoire en espagnol , Y nous prendrait pas pour des imbéciles des fois ? moi vous avez vu ; j’ai pas eu besoin de consulter l’ouvrage d’un autre pour traduire , j’ai tout trouvé dans la mémoire de l’auvergnat
Et toc ! Sans compter qu’il a commis une grave erreur d’histoire le Cervantes pour pas le nommer : pourquoi il va chercher un arabe puisqu’ils les avaient tous foutus à la porte , personne avant moi n’avait fait cette remarque capitale pour la suite des événements
…Comme vous n’allez pas tarder à vous en apercevoir
A son retour la valise à la main , la statue-ballerine avait disparu ; il remit en place les formules de politesse qu’il avait soigneusement récapitulé entre le parc de stationnement et l’hotel , en pestant contre cet editeur (qui ne perdait rien pour attendre ), dire qu’il avait failli acheter un truc dans le seul but de déformer les poches de son veston !
Y avait aussi l’envie de frimer devant ces faux commerçants de quartier qui vous disent « tiens monsieur Un tel … comment ça ba ? ça fait un moment que … mon œil ! comme si ma santé les intéressait plus que mon fric … faux jetons va !
En ressortant de l’hotel quelques quarante cinq minutes plus tard , il n’avait toujours pas résolu ses problèmes linguistiques , comment allait-il se débrouiller avec sa future cliente ?
« Mais voyons tu deviens idiot mon pauvre Julien se morigéna-t-il elle t’a parlé en bon français au téléphone , Il sortit un bristol de la pochette ……; comment l’avait-elle déniché au fait , il avait failli lui poser la question , mais chacun sait qu’au on n’arrive pas à aligner deux idées en même temps au téléphone zncore une invention de Satan . Pour tout dire , elle avait mené l’entretien tambour battant , faisant parfois les questions et les réponses ; en cinq minutes elle avait tout réglé ; les détails : la carte qu’il tenait à la main un billet d’avion qu’il allait devoir lui rendre ou se faire rembourser et une photo d’un inconnu …. Tout ça était arrivé dans le courrier la veille de son départ
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